Voici la petite histoire d’un homme qui décida sa vie en fonction de ses choix et chercha des réponses à ses questions: Giordano Bruno.
C’était il y a un peu plus de quatre siècles, le 9 février 1600.
Un homme torturé par l’inquisition va mourir sur le bûcher, mais avant de partir il va une nouvelle fois rester fidèle à lui-même et livrer le fond de sa penser au tribunal des fous de l’église par cette phrase : « Vous portez contre moi une sentence avec peut-être plus de crainte que moi qui la reçoit »
Une semaine plus tard, il sera définitivement condamné à périr par les flammes mais en attendant, dans sa prison, de nombreuses personnes célèbres lui rendent visite, l’implorant de revenir sur ses propos.
Mais Giordanon Bruno a sa foi et il refuse de revenir sur ses convictions philosophiques. Il meurt brûlé le 17 février, attaché à un poteau, un bâillon dans la bouche pour que personne ne l’entende dire tout le mal qu’il pensait de ses juges et de cette église fermée et dogmatique.
Pourtant, aujourd’hui encore, les raisons qui ont poussé l’église à le détruire ne sont toujours pas claires.
Qui fut Giordano Bruno, pourquoi avoir si peur de lui ?
Il est surprenant de constater que Giordano Bruno fut détruit par une église à laquelle il appartenait.
Né en 1548, à coté de Naples, il entre au noviciat à l’âge de 17 ans. C’était un élève indépendant et curieux, remettant en cause de manière permanente les erreurs qu’il relevait dans les outils d’enseignement du dogme et parfois même dans le dogme lui-même.
A force de disputes avec ses congénères, et soucieux de poursuivre sa quête de savoir et de vérité, un soir de février il s’enfuit du monastère. Il part à travers l’Europe, chercher les réponses qui ne pouvaient se satisfaire de choses apprises sans démonstration de vérité. Il était parfois bruyant, ouvert et parlait beaucoup et avec tous, ne ressemblant en rien à l’ordre qu’il quittait.
Devenu philosophe errant, on le retrouve à Genève ou il se fera excommunier, puis à Toulouse, Paris. Ses paroles le précédant, il du fuir de nombreuses fois. A Londres, on l’accua d’espionnage afin de le chasser, même les luthériens n’en voulurent pas et l’excommunièrent.
Pendant quinze ans il va philosopher avec les plus grands esprits de l’Europe. Il en profitera pour publier plus de 20 ouvrages afin d’exposer ses idées anti-conformistes. Mais quelles sont-elles ses idées justement ? Plus catholique, plus luthérien, ni calviniste, ni puritain, il a des idées personnelles, ce qui le met en grand danger.
Certains pensent qu’il aurait souhaité fonder un nouvel ordre religieux en débarrassant le christianisme des ses dogmes aberrants et de mettre en harmonie sa pensée philosophique avec une religion naturaliste, mais rien n’est certain et c’est cela qui rendit le personnage sympathique. Car rien n’était figé dans sa quête, tout était perpétuellement en mouvement. Pourtant quand il sentait qu’une vérité pouvait être présentée à son jugement, alors il aurait donné sa vie pour elle. C’est ce qu’il fera, comme nous allons le voir.
Un soir, Bruno, invité par le riche Mocenigo dans sa maison à philosopher, vit son hôte ne pas supporter ses propos avant-gardiste allant à l’encontre de l’église et le dénoncer à l’inquisition.
On l’accusera de tenir des propos hérétiques en parlant de Métempsycose, c’est-à-dire de la possibilité de transmigration des âmes dans un processus de réincarnation ou une même âme peut animer successivement plusieurs corps.
Il était aussi fervent défenseur de la science et des idées de Copernic, ce qui ne plaisait guère à la poussiéreuse église qui pourtant, encore une fois, avait tord, comme le montrera l’histoire !
L’Eglise, suivant les idées d’Aristote, ne pouvait accepter l’idée de la pluralité des mondes. Bruno, faisant siennes les idées de Copernic et les liant à ses propres pensées spirituelles, défendait dans un ouvrage de 1584 : « Il y a dans cet espace des corps innombrables comme notre terre, et d’autres terres, notre soleil et d’autres soleils qui, dans cet espace infini, exécutent tous des révolutions de dimensions déterminées et finies autour de leurs propres centres. » Comment imaginer qu’un tel propos puisse être porté à la connaîssance de tous dans un monde chrétien qui n’acceptait qu’un monde fini et parfaitement délimité comme le centre du tout ? Incroyable audace !
L’histoire a retenu que Bruno fut condamné plus pour ses points de vues philosophiques que pour ses attaques contre l’église. En effet, dans les pièces du procès dont un excellent ouvrage donne les grandes lignes, nous pouvons constater que la question cosmologique est la grande question du procès , celle qui sera répartie en plus de quinze chefs d’inculpations. Lors des interrogatoires et les séances de torture, Bruno ne négocia rien de sa philosophie et ne renia rien de ce qu’il avait mis tant d’année à penser vrai. Il n’était alors plus question de lui éviter la mort sur le bûcher.
Pourtant, il est un autre aspect du personnage qui, certainement, effraya bien plus encore l’Eglise. Curieux de tous les savoirs, Giordano Bruno se tourna vers l’ésotérisme et les sciences parallèles. Giordano Bruno, avant l’heure, pensa que l’homme complet n’oppose jamais science et philosophie, foi et progrès.
Certains voient en lui un homme désireux de réhabiliter la religion Egyptienne dans laquelle le christianisme avait puisé l’essentiel de son savoir tout en l’appauvrissant, d’autres pensent qu’après avoir compris la puissance de l’invisible pour l’avoir étudié avec un esprit ouvert, Bruno proposa une approche unissant toutes sciences, études et connaissances à la recherche de la vérité, afin que toutes les parties se retrouvent et construisent leur destin qui est l’éternité.
Giordano Bruno se refusa au dogme, pensant que jamais rien n’est achevé et que le travail est d’aller ver l’union du visible et de l’invisible au lieu souvent de les opposer ou de choisir un camps.
Bruno écrivait beaucoup et bien. Nous pouvons nous poser légitiment la question de savoir si la peur de voir ses travaux diffusés à une grande échelle en une période ou naissait l’imprimerie n’a pas fait suffisamment peur à l’église pour qu’elle décide de sacrifier l’un de ses enfants sur l’autel du dogme.
Voyons cela en détail. Giordano Bruno, cherchant sa vérité, voulu rencontrer tous les penseurs et savant de son temps. Sa vie d’errance est, comme beaucoup le pensent, un chemin initiatique et ésotérique qu’il faut voir comme celui que chacun d’entre nous prend le jour ou il décide de se défaire du conditionnement pour apprendre à se connaître et à chercher sa vérité.
Il étudia donc le cabalisme, qui lui apporta la science des pentacles et puissance des dessins. La conception de l’infini, selon les cabalistes, se retrouva toujours dans les écrits de Bruno. Ceux-ci croyaient aussi qu’un mort qui aurait mal vécu pouvait revenir s’associer à un juste et inversement, l’âme d’un homme saint pouvant s’incarner dans un être en difficulté afin de l’aider à progresser.
On sait que Giordano Bruno rencontra Postel qui était en France le représentant de la cabale. Giordano Bruno s’intéressa aussi à tous les arts divinatoires. Bien entendu, un esprit éclairé comme lui aurait su réfuter toute tentative d’acceptation de notions issues du délire de l’homme plutôt que de la véritable étude. Il ne faut donc pas croire qu’il aurait accepté n’importe quelle croyance sous prétexte de tolérance. Son intérêt pour les arts divinatoires lui furent reprochés pendant son procès car l’église, là aussi, ne supportait pas ces pratiques. Mais elle ne pouvait faire exactement ce qu’elle voulait en ce domaine car, nier la divination et la persécuter, c’était rabaisser de grandes civilisations bien antérieures au culte Chrétien. Egyptiens, Perses, Grecs, Romains, Assyriens avaient pratiqué la divination. Des humanistes comme Kaspar Peucer et certains pères de l’église la pratiquaient. Bruno lui, croyait en l’astrologie mais se méfiait des horoscopes. Il pensait que les astres ont une incidence relative sur nos vies.
Autre domaine que Giordano Bruno explora : La magie.
La philosophie occulte que pratiquait Bruno se rattachait à celle de Cornelius Agrippa, né en 1486 à Cologne. Il était un mage hermétisant ayant redécouvert les écrits du Corpus Hermeticum, un ensemble de textes que l’on considère comme très anciens, du légendaire Hermès Trismégiste. Talismans, alchimie, et magie son clairement des domaines passionnant pour Bruno qui l’écrit dans ses ouvrages sans aucune retenue. D’ailleurs certains pères de l’église pensaient aussi comme cela, dont Lactance et Augustin, mais plus discrètement !
Par l’Hermétisme, Giordano Bruno aurait donc été un fervent défenseur de la religion Egyptienne, une religion de l’intellect qui ne se limitait pas aux formes profanes et à la vénération du soleil, comme on pourrait le croire de manière simpliste.
Bruno fabriquait des images magiques et des talismans. Tel un mage, il cherchait l’unité derrière la multiplicité et ses relations avec le roi de France restent encore aujourd’hui un mystère.
Se réclamant Egyptien à cent pour cent, on pense qu’il ne cessa jamais de vouloir rendre la magie de la renaissance à ses sources païennes, reprochant à l’église de vouloir la destruction de toute autre croyance que celle du dogme officiel, l’accusant ainsi d’appauvrir l’humanité dans le domaine de la foi comme dans le domaine des sciences.
Lors de son procès, on l’accusa de pratiques occultes et il répondit :
« La magie est comme un glaive qui sera au service du mal dans les mains d’une personne mauvaise, mais dans les mains d’un homme de bien, qui craint Dieu et qui connaît les effets, licites et illicites qui peuvent en découler, et qui sait comment bien l’utiliser au moyen des vertus des dispositions des astres, et par le travail des images et des caractères, elle pourra être mise au service du bien ».
Giordano Bruno disait également ceci : « Pourquoi, sont-ils si peu nombreux à comprendre et appréhender le pouvoir intérieur ? Celui qui est en lui-même voit toutes choses, est toutes choses. »
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