De nos jours il est défendu par certains historiens que les Cathares n’auraient pas existé et qu’ils seraient le fruit d’une invention. « La première mention médiévale des Cathares remonte à 1163, lorsque le moine Eckbert de Schönau écrit des sermons où il décrit des hérétiques qu’il aurait côtoyés à Cologne et qu’il appelle « cathares ». Selon Eckbert, ces hérétiques seraient dualistes (croiraient aux deux principes du Bien et du Mal) et ils auraient leurs propres évêques, prêtres et diacres. Or, fait remarquable, lorsqu’il décrit ces hérétiques, Eckbert copie mot à mot une longue description que saint Augustin avait faite des manichéens dualistes, huit siècles auparavant ! ». Pour d’autres historiens, les Cathares ont bien existé mais le nom « cathare » n’était pas utilisé.. Bien, dont acte…. mais sans vouloir entrer en polémique, il y a de très nombreuses traces de l’hérésie Cathare… Encore faut-il vouloir les regarder de près.
Cela ne change rien et ne changera jamais rien à ce que l’on appelle le Catharisme: Le temps a inscrit pour toujours cette image de foi chrétienne pure et sincère dans l’inconscient collectif.
Les Cathares sont une partie de l’identité du sud de la France. Avant de parler de leur histoire, comprenons que le symbole de rébellion qu’ils représentent fait la fierté de ceux qui l’ont intégré à leur histoire personnelle.
Car l’hérésie Cathare s’oppose à l’église du Christ persécutrice dirigée par le pape de Rome. Les bons chrétiens, le symbole des bons chrétiens, c’est le sud dans la vraie foi chrétienne contre le nord sous la domination d’une église dogmatique, sanguinaire et violente en toute chose de Dieu. Nous disposons malheureusement à ce jour de peu d’informations précises, de textes qui permettraient qu’une affirmation puisse être avancée.
Mais nous allons malgré tout retracer un parcours particulier dans l’histoire de France, une histoire qui construit l’identité. Une histoire importante.
L’hérésie Cathare est d’abord une hérésie et donc, est dénoncée par le pouvoir orthodoxe en place. L’hérésie est présentée comme une déviance à réprimer. Pourtant de tous temps les hérésies furent nombreuses, les manières de croire en Dieu variées et diverses. A chaque fois l’orthodoxie répondit de manière violente afin de ne point permettre une remise en cause d’un dogme dominant sur lequel est construit parfois toute une société. L’hérésie Cathare est à la fois une hérésie religieuse et avec le temps, les siècles, une affirmation identitaire régionale. Nous pouvons alors comprendre qu’elle laisse une si grande trace dans l’histoire de France et partout dans le monde, car nous pourrions aujourd’hui être nombreux à se reconnaitre dans cette hérésie.
Le christianisme est religion d’état depuis le IVeme siècle. Il a construit un dogme, copié sur le fonctionnement de l’administration Romaine, a fait le tri dans les textes afin de choisir ceux qui l’intéressaient et permettant d’assoir un dogme torturé tout puissant…. et il a pour volonté de l’imposer à tous, quel qu’en soit le prix humain. Cette organisation pyramidale va désormais tenter de s’imposer à tout l’occident sous le nom de chrétienté. Au 11 eme siècle, la France n’a plus peur de la fin du monde prévue par certains pour l’an 1000. La France n’a plus faim non plus car les guerres se calment et les champs sont productifs. Les chevaliers et les moines dominent le pays et le peuple se préoccupent enfin de son âme car les ventres ne sont plus vides.
A cette époque le fantasme chrétien produit un diable terrifiant et l’église de Rome propose comme seul moyen véritable de sauver les destins dans l’autre monde de pratiquer une foi spectacle qui ne rencontre pas l’adhésion totale des peuples. Des hérésies se développent et souvent se trouvent éradiquées sur des buchers de plus en plus nombreux. Avant le Catharisme nous trouvons des hérésies qui refusent le baptême dans l’eau car pratiquées par des prêtres indignes, d’autres hérésies professent l’innocence des enfants et donc leur incapacité à discerner le bien et le mal…Il faut dire que l’église de l’époque est pétrit de superstitions qui semblent en contradiction avec la bible. Chacun va donc avancer ses arguments en fonction d’un texte et des déviances constatées chez ceux censés le représenter. Les premiers hérétiques dénoncent une église corrompue face aux demandes des évangiles qui exigent une vie chaste, faite de pauvreté et de vérité… tout l’opposé des comportements cléricaux de l’époque.
Avant l’arrivée du Catharisme, les Bogomiles à l’est de l’Europe font naitre une hérésie que les historiens rattacheront parfois au Catharisme, sorte de filiation chronologique qui n’est pas forcement la racine première de notre sujet du jour. En 970 les écrits du prêtre bulgare Bogomil plaisent aux petites gens avides de simplicité, d’ascétisme. Ils permettent entre autres hérésies, aux femmes de prêcher la parole de Dieu ce qui était interdit à l’époque… On trouve également dans ces écrits un dualisme qui se rapproche des idées Cathare.
Le début du Catharisme remonte véritablement au XIIeme siècle et le terme sert alors à désigner sur les bord du Rhin les communautés hérétiques qui se forment autour d’évêques rebelles. Ces hérétiques opposent leur vraie église à l’église de Rome, tout comme l’évangéliste Jean oppose Dieu à ce monde.
Pour eux le vrai chrétien se reconnait à ce qu’il fait comme l’arbre se montre par ses fruits. S’opposent également des pratiques humbles et pauvres Cathares au fastes de l’église officielle. Pendant que le Catharisme voit le jour, le dogme chrétien se fige dans l’église officielle. Les buchers se rallument partout car les « erreurs » Cathare ne peuvent être acceptées.
Les Cathares attribuent la création du monde visible non à Dieu le père mais à l’ange déchu et rebelle Lucifer. Ce dualisme conteste l’autorité de Dieu sur ce monde, donc celle de l’église. Rome se défend et, tout en affirmant la création de notre monde par Dieu et lui seul, prépare la riposte violente qui s’abattra massivement sur les hérétiques ultérieurement.
Dans le sud de la France, et contre l’avis des autorités religieuses officielles, une tolérance se met en place. Carcassonne, Toulouse et de nombreuses villes ont désormais des dirigeants Cathares ou sympathisants importants. Il en sera de même dans tout le sud de l’Europe. Avant le début des représailles on peut définir une carte d’un « pays Cathare ». L’église Cathare possède alors un clergé stable, des fidèles et des évêchés. Le fidèle se considère comme un chrétien purifié des erreurs de l’interprétation du dogme romain. Il pense comprendre enfin des douleurs humaines, les injustices de la société, la nature souffrante de la vie terrestre. Il pense être un chrétien primitif, respectant et comprenant les évangiles et surtout celui de Jean. Les prêtres sont surnommés Bons Hommes et Bonnes Femmes. A l’inverse de certains moines qui fuient le monde, les religieux Cathares vivent au milieu du peuple et laissent leurs maisons ouvertes à qui veut en franchir le seuil de la porte. Ils parlent en occitan et non en latin pour être compris. En essayant d’être le plus proche possible du peuple, les prêtres Cathares parviennent à tisser et ancrer en profondeur les vertus d’un christianisme purifié dans le tissus profond de la société.
Le dualisme Cathare s’appuie sur les écritures et se rapproche par ses analyses d’anciennes doctrines orientales extérieures ou antérieures au christianisme ( Manès, Zoroastres ). Il propose un Dieu bon qui aime les hommes et explique pourquoi notre vie sur terre est si douloureuse. Il explique qu’une partie de la réponse est écrite noir sur blanc dans l’évangile de Jean lorsque Dieu s’oppose à ce monde. Il nous dit que ce royaume est en opposition avec celui du père. Il refuse l’ancien testament qu’il trouve guerrier et menteur. Il y a donc un Dieu, le père, et deux mondes.
Pour les Cathares le monde d’ici bas est conçu par Lucifer et peuplé d’âmes divines en exil, prisonnières des corps éphémères inventés par le mauvais créateur ayant pris soin de nous faire oublier la partie céleste de nos âmes. Le Dieu des évangiles est donc innocents des péripéties humaines de ce monde.
Les Cathares ne voient aucun symbole dans ceux de l’église de Rome et la croix ne représente donc rien pour eux. Ils contestent le dogme de la trinité et expliquent que Dieu n’a pas envoyé le Christ pour racheter nos péchés mais pour délivrer nos âmes d’anges prisonnières du monde du mal. Les Cathares suivent les règles de l’évangile. Pas de meurtre, même un animal, pas de mensonge, pas de jurons… Un seul péché et la force de l’Esprit se trouve diminuée, obligeant le croyant à recevoir de nouveau le consolament.
Le consolament est un baptême qu’ont le droit de pratiquer les cathares. Se prétendant chrétiens authentiques, ils ne pratiquent qu’un seul sacrement par apposition des mains. Le cosolament assure le salut des âmes tombées du paradis. Car nous regagnons tous la maison du père lors de notre décès si nous avons été de bons chrétiens. Il n’y a pas d’enfer en Catharisme, l’enfer est ici.
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