La gnose, du grec « connaissance », est un concept philosophico-religieux expliquant que le salut de l’âme se peut par la connaissance (expérience ou révélation) directe de la divinité, et donc par une connaissance de soi… C’est une « nostalgie des origines » disent certains, une « autre lecture » disent d’autres. Cette philosophie de vie qui engage tout l’être, Platon la définissait en son temps par ces mots : « la connaissance est ce qui permet de s’assimiler autant qu’il est possible à Dieu, ce qui implique d’être juste et saint avec l’aide de l’intelligence ».
Dès les premiers siècles du Christianisme certains ésotéristes pensent que nous pouvons déchiffrer dans la bible un autre message… un message caché… qu’il fallait chercher autrement. Car nous sommes tous des cherchants. Qui peut prétendre un « je sais » véritable, sans conditionnement? Peu d’entre-nous… mais tous le peuvent s’ils cheminent… selon certains croyants, dont les gnostiques, le chemin a une grande importance et chacun travaille à construire le sien. C’est aussi pour cela que les gnostiques existent, car la vérité est difficile à approcher quelque soit le dieu, quelque soit l’époque, et qu’elle cherche la lumière tout en prenant parfois des chemins détourner. L’histoire des croyances est si vaste que les gnostiques n’ont jamais été reconnus à la hauteur de leur quête de savoir, de leur ouverture d’esprit vers la découverte plutôt que vers la récitation naive. C’est injuste car la condition de l’homme et de sa « part manquante » est si triste, que leurs efforts devraient être salués.
Mais de quoi parle-t-on précisément?
La gnose est vue par certains classiques comme une hérésie; « Une de plus » diront certains autres. En fait, ces chemins variés et parfois très particuliers, diffèrent de la quête Chrétienne telle que la voit l’église chrétienne traditionnelle des hommes. Une autre vérité est possible pour les gnostiques et chaque gnose explore son propre chemin pour y parvenir. A la question du « qui sommes-nous, vers quelle direction allons-nous? » les quêtes de la gnose, des gnoses, essaient de répondre. D’abord le dualisme. Comme pour les cathares, les manichéens et d’autres… la gnose est empreinte d’un doute sur notre réalité. Notre terre ne serait pas un monde bienveillant car pour eux ce monde est souvent maléfique. Il peut être l’œuvre du diable, le « démiurge » identifié au Dieu de la bible, un dieu inférieur. Disons que pour beaucoup, ce monde n’est pas un monde que l’on aime. Pour les gnostiques l’Esprit compte, le présent n’a aucun sens si ce n’est celui de se rappeler au souvenir de la matière dans laquelle nous sommes attachés contre notre gré.
Nous sommes en prison ici-bas, selon de nombreuses gnoses. Notre âme et notre esprit sont enfermés dans un corps. Notre monde est un monde inférieur créé par le mal, par un ange déchu, pas un paradis ni même sa reproduction en miniature. Pour échapper à cette condition terrible nous devons apprendre la vraie réalité du monde de Dieu. Aux yeux des gnostiques, le véritable Dieu est inconnaissable et « incréé ». « Si l’homme parvient à échapper à l’illusion du dieu biblique créateur, à trouver en lui-même la connaissance du monde d’en-haut, il devient alors « gnostique » : il se connaît lui-même, en prenant conscience de ses origines divines. »
Ce n’est qu’au 2eme siècle après JC que les gnostiques font parler d’eux et que leur mouvement prend de l’ampleur. On y trouve des chemins variés mais disons que la gnose décrit l’homme en 3 familles: Les matériels qui seront détruits, les psychiques qui seront sauvés s’ils sont bons, les spirituels à qui le message de Dieu sera révélé.
S’il suffit d’avoir foi pour obtenir le salut, l’église ne voit pas la chose d’un bon œil. Si en plus de tout cela, on sait que les gnostiques recevaient leurs nouveaux membres lors de cérémonies initiatiques, comme le pratiquent aujourd’hui certaines sociétés secrètes, il ne fallut pas s’étonner qu’un jour cette église « officielle » décida l’extermination de toutes les communautés gnostiques. La littérature gnostique possédant peu d’écrits ils fut aisé de s’en défaire, sauf que… la nature ayant horreur des duperies, de nombreux textes furent retrouvés dans des jarres au début du 20eme siècle à Nag-Hammadi, en Haute Égypte. C’était une biblitothèque complète ayant certainement appartenu à une communauté gnostique. Tous les textes ne sont pas encore visibles mais il sera difficile d’écarter très longtemps du grand public l’une de plus belles découvertes archéologique.
Les gnoses s’appuient souvent sur des évangiles que l’église de Rome n’a pas accepté, ne reconnaissant que 4 évangiles sur la grande quantité d’œuvres disponibles à l’époque…. et comme par hasard (mis à part celui de Jean qui est le seul évangile ésotérique), des évangiles permettant d’asseoir des dogmes simples et de pouvoir ainsi figer un culte afin d’en maitriser les serviteurs. L’évangile de Thomas, dont nous recommandons la lecture, est pourtant un texte significatif à plus d’un titre et permettrait, avec d’autres, de voir poindre un renouveau du christianisme possible. Nous savons qu’il existe des évangiles déstabilisants pour une église ayant tant œuvré pour assoir son autorité pourtant, comme nous le suggère la pensée gnostique, ne serait-il pas temps, alors que le feu brûle dans la maison, de revoir les dogmes de l’église chrétienne afin d’élargir sa pensée et les chemins d’espérance des fidèles? Toutes les religions meurent un jour mais la pensée gnostique et cette recherche de connaissance en Dieu et en soi semblent intemporelles.
Contrairement à l’idée répandue que les gnostiques seraient des sectaires, nous pensons que c’est leur véritable foi et leur sincérité dans la recherche de la vérité qui fait d’eux de bons Chrétiens usant de leur libre arbitre. Les églises et mouvements gnostiques étaient peut-être moins fermés que la grande église Chrétienne officielle de l’époque.
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